On a voulu tuer le rire et la liberté
Je viens d'apprendre l'assassinat de Cabu, Wolisnki et 10 autres personnes, membres de Charlie Hebdo ou pas.
Je me sens aussi incrédule, choqué et scandalisé que le 11 septembre 2001.
Je ne prends jamais la plume pour exprimer mon opinion sur l'actualité, je considère en général que ce n'est pas mon métier, je ne suis pas sûr que ça intéresse grand monde.
Je n'ai jamais lu Charlie Hebdo, mais le Grand Duduche ou le Beauf ont bercé ma jeunesse. Comme les dessins et caricatures de ces hommes ont été vus par toutes les générations vivantes aujourd'hui en France.
Charlotte Pudlowski dans Slate.fr souligne l'amour et la fierté qu'ils avaient de vivre en France :
Wolinski en septembre 2012, au Républicain Lorrain:
«(...) Car on fait toujours ce qu’on veut aujourd’hui, peut-être plus encore. On a la chance de vivre dans un pays où depuis Rabelais, on a une grande liberté. La Révolution a aussi provoqué la naissance de la presse, qui a engendré le dessin de presse et décoincé des choses.»
Les dessinateurs de Charlie la commentaient à longueur d'interview cette liberté. «Face à la frilosité ambiante, notre crainte est d'être trop prudents, trop raisonnables», expliquait Charb en 2012, dans Le Monde. Cabu était aussi vigileant:
«Il n'y a pas de limites à l'humour qui est au service de la liberté d'expression car, là où l'humour s'arrête, bien souvent, la place est laissée à la censure ou à l'autocensure.»
Dans notre pays où nous sommes prompts à brocarder tout et tous, et à porter aux nues les modèles de nos voisins, c'est assez rare pour le souligner.
Il y a 2 jours à peine je citais Lafayette pour mes vœux : "Pour que vive la liberté, il faudra toujours que des hommes se lèvent et secouent l'indifférence et la résignation". Je n'aurais pas pensé que cela puisse être tellement d'actualité.
Il est hors de question d'être indifférent et de se résigner.
Pas plus qu'il n'est question d'interdire ou de stigmatiser.
Nous n'avons pas de World Trade Center à rebâtir.
Nous avons mieux que des Twins Towers, nous avons une trinité :
Liberté - Egalité - Fraternité
Et en plus le droit d'en rire.
Soyons indignés et heureux.
Pour eux
Pour nous.
Eric Torlois