Portrait de Manager : Philippe Bouchieu - FNAC Bordeaux Lac

9 février 2012

philippe bouchieu

Qu’est-ce qui m’a plu dans ce témoignage…et qui, je le souhaite,  vous plaira aussi !

  • Ecouter quelqu’un de passionné…et de passionnément humain !
  • Voir la mise en œuvre concrète et le succès des fondamentaux du management auxquels je crois
  • Découvrir la créativité et l’impact d’un manager dans un univers a priori contraint (offre produit, surface de vente et typologie de clientèle sont des données)

 

 

Pouvez-vous nous présenter votre société en quelques mots ?

Notre métier c’est de proposer et mettre en avant les produits de l’enseigne (c'est-à-dire ceux attendus par nos clients) adaptés à notre surface de vente.
Maintenant, la clé pour moi reste l’acte de vente.

Combien y a-t-il de collaborateurs ?

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Quel est votre parcours ?

Je suis quelqu’un de timide, j’ai commencé par des études de biologie mais j’avais besoin d’une formation plus suivie, comme j’assemblais mes premiers ordinateurs, je suis passé sur un BTS Informatique.
Après l’armée, j’ai cherché à bosser et je me suis retrouvé chez Privat à Toulouse à vendre des livres de programmation puis les 1er Commodore,   PC et Apple …
Au bout de 2 ans, je réponds par hasard à une annonce… et c’est comme ça que je suis rentré comme vendeur micro à la Fnac de Toulouse. Puis électronique et télévision, parce que j’avais envie d’apprendre, c’est d’ailleurs quelque chose que j’apprécie chez mes collaborateurs.

On m’a proposé un poste de responsable adjoint en Alsace, ce qui nous a demandé de nous adapter.
J’ai enchainé sur Metz, Reims, toujours en tant que responsable de département sur des cycles de 3 à 4 ans. A chaque fois, j’animais des équipes d’une vingtaine de personnes.

J’ai pris en charge la coordination de la région Nord-Est sur le domaine micro-informatique en tant qu’adjoint du Directeur Régional, je m’assurais de la bonne application de la politique commerciale.
J’y ai appris à dialoguer avec les responsables de département et aussi avec les directeurs de magasins.  J’ai toujours cherché à être un soutien (par exemple donner un coup de main pendant les travaux), sans pour autant prendre la place ni être simplement le contrôleur des travaux finis.

Mon directeur régional m’a proposé d’être Directeur à Bourges. J’avais l’ensemble des départements. C’est la prise en main d’une équipe de 40 personnes et du coup avec des sensibilités très différentes. Tu dois avoir envie de comprendre ce qui fait avancer les autres pour pouvoir réussir. J’y suis resté 3 ans. J’y ai découvert aussi l’animation au centre de la ville, je me suis retrouvé « notable » du fait du poids que représentait la FNAC dans la ville. C’était très enrichissant, j’ai trouvé énormément de choses dans cette région. En étant à moins de 2 h de Paris, cela m’a aussi donné l’occasion d’appréhender la clientèle parisienne.
Sur le plan familial, j’ai eu envie de bouger et redescendre dans le sud. Cela n’a pas été possible, par contre, nous sommes repartis à Metz où je suis revenu en tant que Directeur.  Le contexte était très différent de Bourges, où j’avais des équipes jeunes qui faisaient immédiatement ce que je leur demandais. Là, avec des collaborateurs qui pouvaient avoir jusqu’à 30 ans d’expérience, il est important de donner du sens aux actions pour convaincre.

L’enrichissement nait de la diversité, et de la diversité l’enrichissement. Il ne s’agit pas de faire  caméléon mais d’utiliser sa propre sensibilité. Encore une fois, pour faire avancer les gens, tu dois connaitre leurs motivations. Par exemple, les disquaires en 2004 me soutenaient qu’Internet ne marcherait jamais. Ça aussi été une bonne école RH, parce que la FNAC ne voulait pas tenir compte des lois locales sur les temps de travail. Donc mes premiers contacts avec les prud’homs, qui plus est avec des avocats parisiens : échec garanti !

J’ai eu envie d’aller sur Paris par que l’on dit que « Paris est différent », c’est un peu un passage obligé. J’ai eu l’opportunité de prendre la direction du magasin de Boulogne Billancourt, deux fois plus important que celui de Metz . Magasin en centre-ville, proche du métro, avec une population  de près de 60% de cadre, avec un fort turnover, un fort pouvoir d’achat. Par contre une surface réduite (2000 m²). J’ai fait beaucoup de travaux, pour aménager.
Je n’ai pas trouvé de différence notable dans la clientèle parisienne, les clients ont tous le même degré d’exigence. Comme le CA se faisait relativement facilement, nous travaillons plus sur l’affinage, le merchandising, des vendeurs  avec beaucoup de connaissances donc un fort pouvoir de démultiplication en vente. Par contre, habitant dans le 13ème j’ai mis 2-3 ans à connaitre les interlocuteurs clés de la ville.  J’y suis resté 4 ans. Pour différentes raisons familiales, j’ai souhaité repartir au Sud de la Loire, Bordeaux Lac m’a été proposé. Je repasse sur un chiffre d’affaire inférieur, là dans un centre commercial, en périphérie, et c’est le deuxième magasin de la ville. A nouveau un contexte différent !

Pour vous, être manager, ça veut dire quoi ?

Manager : faire que l’entreprise se développe avec ton équipe. Que les collaborateurs se sentent bien dans l’entreprise et pour l’entreprise. Les faire grandir. Ma plus grande fierté c’est de voir des vendeurs que j’ai embauchés qui sont devenus directeurs de magasin. On a besoin de « faire des petits » de découvrir des talents et les faire grandir. Manager c’est faire adhérer les gens à un projet, plus ils adhérent, plus ils sont autonomes et bien dans leur boulot.

C’est aussi aller chercher une performance. Et bien sûr, c’est être exemplaire ; tu ne peux pas dire « soyez là » si tu ne l’es pas, être capable de faire ce dont tu parles te donne une autorité de compétences.

D’autre part, je suis convaincu que l’on ne peut bien bosser dans mon métier que si on connait aussi la ville dans laquelle on travaille. Participer à la vie de la ville est important.

Quel est votre meilleur souvenir en tant que manager ?

Atteindre un résultat :

  • par exemple sur Bourges, animer les équipes pour permettre d’obtenir le 13ème mois.
  • sur Boulogne, grâce à l’implication de tout le monde dans les travaux, nous avons pu faire changer le magasin de catégorie en passant de C en B. Tout cela s’est transformé en rémunération, nous avons sorti le deuxième intéressement de France.

Le pire ?

Etre contraint de prendre une décision, sachant qu’elle n’est pas tenable, mais ne pas pouvoir faire autrement par que ce sont les ordres du siège ; comme pour l’application du temps de travail à Metz ! Je n’ai pas vraiment de pire moment. Peut-être l’incertitude  quand on court après un résultat et que ça ne marche pas tout de suite. Je travaille de préférence dans la durée.

Qu'est-ce que vous aimez dans votre métier de manager ?

Les gens avec qui je travaille.

Qu'est-ce que vous n'aimez pas ?

La mauvaise foi. Les personnes qui pensent que simplement « Venir= Remplir la mission ». Le travail s’est aussi un combat, il faut tenir compte de l’environnement. Le métier de la vente est noble « je t’ai écouté, je te propose ce produit ». Ce n’est pas simplement classer des livres et sortir ceux que le client nous demande.

Qu'est-ce qui a changé pour vous dans les relations en entreprise depuis le début de votre vie professionnelle ?

Pour nous, Internet a changé la donne.
Quand j’ai débuté, la vente, c’était aussi être « prof ». Nous étions « sachant », aujourd’hui,  il faut vraiment aller au-devant des clients ; passer de l’autre côté du comptoir. D’ailleurs les clients sont beaucoup plus informés.

Mais l’impact internet, c’est aussi vrai en interne : à la suite d’une réunion téléphonique, le mail arrive pour mise en place immédiate !

La pression concurrentielle est également beaucoup plus forte.  On est passé dans la valeur d’usage.

A votre avis, qu'est-ce qui fait qu'un collaborateur atteint ses objectifs ?

C’est qu’ils n’ont pas le choix ?

Plus sérieusement, ça part de la fierté. Par exemple, ma fierté d’être à Bordeaux Lac, c’est mon choix. Je leur demande d’être fiers de leur magasin et c’est ce qui va nous permettre de le développer. De croire dans notre potentiel.

L’autre point, c’est que, si on ne s’intéresse pas aux gens, çela ne marche pas. On dit que Bordeaux est une ville difficile, je ne pense pas ! Si tu ne vas pas vers l’autre, il n’y a pas de raison qu’il vienne vers toi, alors que lui est établi.

Comment les aidez-vous ?

J’utilise par exemple le benchmark, nous nous  comparons par rapport à d’autres, qui sont comparables, pour se donner un challenge positif, une performance par exemple.
Nous allons travailler sur des objectifs atteignables, ne pas aller chercher la lune tout de suite. Je suis très proche des équipes, comme un entraineur. Le discours et les actions entre moi et mes cadres vont dans le même sens, nous avons un plan d’actions identique.

La base line de Maestrio est "la dimension humaine de la performance", qu'est-ce que ça vous évoque ?

La performance se fait forcément avec des hommes. Le plus gros levier dans une entreprise reste les hommes. Ce qui fait la différence, dans mon magasin, ce n’est pas les murs, le directeur, ou la renommée ; ce sont les collaborateurs qui feront venir et surtout revenir les clients.

Qu'est-ce que vous aimeriez que vos collaborateurs disent de vous ?

« Il avait raison ce con ! » ?

Qu'est-ce que vous n'aimeriez pas entendre ?

« Il ne nous a pas respecté. »
J’attache une grande importance aux gens avec qui je travaille. Aujourd’hui il fait froid, je veux être sûr que sur les quais, tout le monde a bien ses manteaux et doudounes.

Si vous deviez changer quelque chose à votre façon de manager, ça serait quoi ?

Etre moins timide. Etre plus sûr de mes choix. Avoir moins de doute et être plus assertif. Il faut avoir des doutes, peut-être en avoir moins.

Quels sont vos enjeux pour 2012 ?

Faire mieux que l’année dernière ! Redorer le blason de Bordeaux Lac, en faire un magasin où les gens sont encore plus  fiers de bosser. Nous serons sortis d’affaire quand nous aurons réussi à faire évoluer des gens en interne, quand les collaborateurs évolueront et que les cadres les feront évoluer. Avoir de l’enthousiasme.

On peut, et on doit, bosser dans la bonne humeur !

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Je demandai récemment à un chef d'entreprise à quels enjeux relationnels lui-même et ses collaborateurs étaient confrontés. Sa réponse a été "Nous avons la tête dans le guidon, nous n'avons pas le temps de réfléchir à ce type de question".


La qualité relationnelle serait donc un luxe, le type de  sujet à confier à un penseur. Et c'est vrai qu'il est compliqué de donner un exemple à la fois précis et généralisable de l'impact de la non-qualité relationnelle.
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